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Consciousness and emotion

Consciousness and emotion
Consciousness and emotion

Revue thématique

Conscience et émotion

Consciousness and emotion

S OLANGE C ARTON

UniversitéMontpellier III

Paul-Valéry,

Département de psychologie,

Section de psychologie

clinique,Montpellier

Tirés àpart :

S.Carton Résumé.Cet article concerne le phénomène de prise de conscience des émotions auquel des modèles contemporains de la conscience émotionnelle accordent un intérêt majeur et renouvelé.La composante émotionnelle subjective est longtemps restée le parent pauvre

de l’étude des émotions,alors même que le grand débat initiépar James sur leur nature portait sur la détermination de cette expérience privée.Plus de cent ans plus tard,cette question reste au c?ur des débats.Nous retra?ons ainsi l’historique des théories qui se sont penchées sur les déterminants,les indicateurs sur lesquels on s’appuie pour identi?er notre propre expérience émotionnelle :des indicateurs somatiques dans la théorie de

James-Lange jusqu’aux déterminants cognitifs dans les théories de l’évaluation,en passant par le r?le majeur qui a étéattribuéaux expressions faciales dans la théorie des émotions fondamentales,pour être ensuite modulé.Après vingt années dominées par le débat sur la

primautédes émotions versus celle des cognitions,les déterminants corporels-physiologiques et cognitifs sont tous intégrés dans les conceptions contemporaines des émotions,mais leur degréd’intervention respectif varie en fonction d’une formalisation de plusieurs niveaux de conscience émotionnelle.C’est sur le dernier niveau,restédans l’ombre,celui qui conduit àla conscience d’une émotion,que plusieurs modèles contempo-rains se sont focalisés,béné?ciant des avancées des neurosciences cognitives sur le traitement des stimuli émotionnels.Ils se différencient sur l’importance accordée aux structures cérébrales et au corps dans la détermination de cette prise de conscience émotionnelle,mais leur point commun réside dans la spéci?cation d’un dernier niveau d’appréhension qui rend compte de la manière dont le sujet sait qu’il est en train de ressentir l’émotion qu’il éprouve et que ce qu’il éprouve est une émotion.Ainsi,on assiste àune dissection de l’expérience subjective en plusieurs niveaux de conscience,dont les processus àl’?uvre expliquent l’extrême variétéde nos types d’expériences émotionnelles vécues.Ils rendent compte également d’une nouvelle manière des états variés d’occurrence d’une émotion qui ne s’accompagne pas de sa prise de conscience.

Mots clés :émotion,composante subjective,conscience émotionnelle

Abstract.This article focuses on the processes that lead to awareness of our own emotions,which deserve particular attention in contemporary models of emotional consciousness.The subjective component of emotion,or emotional experience,was for a long time the most neglected aspect in the study of emotions although it already constituted the initial point of discussion in the famous William James still asked question :What is an emotion?More than a century later,contemporary theories debate about this heritage.We examine the successive historic contributions to the question of the determinants of our own emotional experience:from James-Lange bodily changes to cognitive appraisal theories,also relating the major role that the fundamental emotions theory attributed to facial expressions.Twenty years after the debate about primacy of cognition or emotion,both physiological-somatic and cognitive components are integrated in contemporary approa-ches to emotions.However,their respective degree of implication varies according to the different levels of emotional consciousness which are modelized.It is on the last level that present models focuse,level that leads to consciousness of our emotional experience,bene?ting from the contributions of cognitive neurosciences.Models differ according to the role devoted to neuronal substrates in determining emotional experience,but they converge on the speci?cation of a last level of consciousness,which is the only one that allows the subject to be conscious of emotion as it is experienced (feeling)and that what he is experiencing is an emotion.Then,different models of emotional consciousness account for different varieties of emotion experience and also for various cases of ?unconscious ?emotions,that is occurrence of emotion with a lack of awareness.Key words :emotion,subjective component,emotional consciousness

Psychol NeuroPsychiatr Vieil 2007;5(4):249-60

d o i :10.1684/p n v .2007.0109

L a composante subjective d’uneémotion,bien qu’ayant tenu une grande place dans les théo-

ries qui se sont attachéesàla détermination d’une expérienceémotionnelle,est longtemps restée la composante la moins cernable.Lorsque,dans les années quatre-vingt,les théories desémotionsétaient en plein essor et ouvraient le débat sur leur primautéversus celle des cognitions,on parlait d’un système correspondant?aux composantes encore très vague-ment dé?nies de la conscience ou de l’état subjectif des sentiments?...?La composante de perception subjec-tive de sentiments découle de la facultéde conscience ou de prise de conscience?[1].Depuis,ce phénomène de prise de conscienceémotionnelle a béné?ciéde l’apport conjoint des neurosciences cognitives sur le traitementémotionnel et de modèles philosophiques de la conscience,àla source de modélisations psycho-logiques de notre expérienceémotionnelle et de sa prise de conscience,dont cet article présente certains développementsàpartir de ses grands précurseurs.

Les théories successives qui se sont penchées sur la question de la prise de conscience desémotions ont permis d’identi?er trois déterminants essentiels de l’expérience subjectiveémotionnelle auxquels aétéattribuéun r?le majeur,si ce n’est indispensable,àl’occurrence d’un processusémotionnel:l’activation physiologique,l’expression faciale-comportementale et l’évaluation cognitive[2].Par ailleurs,ces détermi-nants sontégalement considérés comme constituant l’émotion elle-même,dé?nie de fa?on relativement consensuelle comme un processus affectif complexe, forméde trois composantes:neurophysiologique, expressive-comportementale et subjective,cette der-nièreétant communément désignée sous le terme ?d’expérienceémotionnelle?[3].On considère que ces composantes sont en général corrélées lors d’une émotion mais susceptibles d’être dissociées,soit au sein d’affections psychopathologiques soit comme effet de processus de régulationémotionnelle,et l’ensemble des théoriciens desémotions mettentàpré-sent l’accent sur la fréquence de ces dissociations en dehors même de tout aspect psychopathologique.Non seulement toutes les composantes de l’émotion sont susceptibles d’être la cible de processus de régulation émotionnelle,mais ces processus peuventégalement agir sur les différentes séquences de l’activation d’une émotion au niveau de l’activation physiologique ou au niveau de l’évaluation cognitive,ou encore au niveau des réponses expressives-comportementales.Préci-sons ici que cette distinction ne recoupe pas celle opé-rée par le concept de coping entre les stratégies cen-trées sur l’émotion et celles centrées sur le problème [4]qui ne concernent pas spéci?quement la régulation de l’émotion.

Les points d’ancrage

de la prise de conscience

d’une expérienceémotionnelle

L’activation physiologique

Le plus ancien débat concernant l’émotion a portésur le r?le des réactions corporelles,en tant que cause ou effet de l’expérienceémotionnelle.C’est en réaction àla thèse du sens commun de l’époque,selon laquelle l’émotion serait d’abord un trouble de la conscience provoquant des désordres organiques que,àla?n du XIX e siècle,Carl Lange(1834-1900),physiologiste danois et,indépendamment,presque au même moment William James(1842-1910),philosophe et médecin américain,redé?nissent et inversent les liens entre modi?cations organiques et phénomènes psy-chologiques subjectifs de l’émotion.Cette théorie est connue sous le nom de théorie James-Lange.?Jusqu’ici,j’ai toujours employé,quoique avec protes-tation,des tournures comme celles-ci:“Les phénomè-nes physiologiques provoqués par l’émotion ou les phénomènes physiologiques qui accompagnent l’émo-tion”[5].?Les changements corporels suivent immé-diatement la perception de l’événement excitant,et le sentiment que nous avons de ces changementsàmesure qu’ils se produisent est l’émotion?[6].Ainsi, les modi?cations physiologiques deviennent desévé-nements qui précédent et produisent l’émotion subjec-tive.James ne con?oit pas de dissocier l’émotion de sa sensation corporelle,qu’elle soit ressentie de fa?on vive ou obscure.“Chaqueémotion est la résultante d’une somme d’éléments...Leséléments sont tous des changements organiques,et chacun d’eux est l’effet ré?exe de l’objet excitant”[7].La thèse de James qui rattache tous lesétats affectifsàdes conditions organi-ques et les considère comme l’expression directe et immédiate de la vie végétative,est la thèse qui“aétéadoptée sans restriction aucune”,dans l’ouvrage de Théodule Ribot(1839-1916)sur La psychologie des sentiments[8].Cet ouvrage comprend deux parties. L’une s’attacheàce qu’il appelle les manifestations les plus générales,le plaisir et la douleur,comme marques propres de la vie psychique,diffuses et d’aspects mul-tiples.L’autre s’attacheàl’étude de la nature de l’émo-tion,état complexe qui,dans l’ordre affectif,corres-pondàla perception dans l’ordre intellectuel.Pour

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Ribot,il existe des preuves réelles que certaines per-ceptions produisent,par une in?uence physique immé-diate,des effets corporels qui sont antérieursàl’appa-rition de l’émotion.Il commence par démontrer que la théorie physiologique s’applique au domaine entier desémotions.En effet,on objectaitàJames et Lange que leur théorie n’était acceptable que pour les formes inférieures de l’émotion et qu’elle devenait insuffisante àmesure que l’on s’élevait dans les formes supérieures émotionnelles.Ribot essaye de montrer que la théorie est valideégalement pour ces formes supérieures de l’émotion comme les sentiments religieux,moraux, esthétiques et intellectuels.Il soutient que l’intensitédesémotions,même supérieures,est en raison directe de la quantitédesévénements physiologiques qui les accompagnent.Ribot,s’il admet le fond des thèses de James et Lange,diffère néanmoins d’eux en récusant leur position dualiste.En effet,James et Lange admet-tent,tout comme les auteurs qu’ils combattaientàl’époque,qu’il y a d’un c?téune cause,de l’autre un effet.Pour eux,la cause est l’événement organique, l’effet l’émotion;les autres soutiennent la thèse inverse.Pour Ribot,il y aurait grand avantageàélimi-ner toute notion de causeàeffet,toute notion de causa-lité.Il préfère une position unitaire ou moniste,consi-dérant les faits somatiques et l’état psychique comme inséparables l’un de l’autre,n’existant que l’un par l’autre.Aucunétat de conscience ne doitêtreétudiédissociéde ses conditions physiques:ils composent un tout naturel qu’il fautétudier comme tel.Chaque espèce d’émotion doitêtre considérée de cette manière:-les mouvements de la face et du corps,les troubles respiratoires,sécrétoires,etc.,expriment objectivement l’émotion-lesétats de conscience corré-latifs,que l’observation intérieure classe suivant leurs qualités,l’expriment subjectivement.C’est un seul et mêmeévénement traduit en deux langues.Ainsi,Ribot refusait de se lancer sur la voie de la détermination d’une composanteémotionnelle par une autre,mais, comme James et Lange,il mettait l’accent sur le fait que les manifestations somatiques et motrices n’étaient pas accessoires et que leurétude faisait partie intégrante de celle de l’émotion.

Parmi les controverses que suscita la théorie de James,l’objection majeure a concernéle fait que les changements somatiques périphériques qui survien-nent au cours d’uneémotion sont relativement indiffé-renciés et ne rendent pas compte du niveau de com-plexitérequis pour différencier les qualités des expériencesémotionnelles.Ainsi,la production arti?-cielle de changements somatiques par injection d’adré-naline n’entra?ne qu’une sensationémotive indé?nie, per?ue“en froid”ou“comme si”,sans véritable expé-rienceémotionnelle:?Nous avons parmi nos injectés maints exemples d’individus qui s’aper?oivent des dits sympt?mes périphériques,qui en ont pleine cons-cience,qui les décrivent avec des phrases d’une exacti-tude admirable,et qui cependant ne sont pasémus?[9].Walter Bradford Cannon,physiologiste américain (1871-1945)s’est opposéàla théorie périphérique des émotions et a soutenu que la composante majeure d’une expérienceémotionnelle-ce qui la rendémo-tionnelle-est le sentiment(feeling)qui est produit au niveau du cerveau par l’activitédu thalamus[10].

L’expression faciale

Il existe un autre type d’expression corporelle d’une émotion dont on a clairement montréle caractère hau-tement différencié,et qui rend compte de la richesse des expériences subjectivesémotionnelles:les chan-gements dans l’activitémusculaire du comportement expressif.Charles Darwin(1809-1882)avait ouvert la voieàleur description scienti?que,en les considérant comme des vestiges d’actes antérieurs ayant permis l’adaptation de l’espèce.Les théoriciens desémotions fondamentales,innées et universelles,allaientériger les expressions faciales desémotions en déterminants sine qua non de l’expérienceémotionnelle.Les travaux pionniers de Tomkins[11,12],ayant inspirédes auteurs comme Ekman[13]et Izard[14],ont mis enévidence l’existence d’expressions facialesémotionnelles,trans-culturelles et innées.C’estàpartir de cesétudes sur les mimiques faciales qu’Izard et Tomkins,séparément, puis ensemble pendant quelques années,ont déve-loppéla théorie desémotions fondamentales ou dis-crètes.Selon les auteurs,le nombre d’émotions primai-res varie de septàdix.L’émotion est dé?nie comme un phénomène motivationnel complexe,constituéde composantes neurophysiologiques,expressives et subjectives caractéristiques[15].Ainsi,àchaqueémo-tion correspond une expression mimique qualitative-ment spéci?que.Les tenants desémotions fondamen-tales ont portéle r?le de l’expression mimiqueàson apogée dans la détermination de l’expérience subjec-tive.Dans la première formulation de leur théorie,la nature subjective d’uneémotionémane des activités neuromusculaires du visage.L’activation de l’émotion commence par unévénement interne ou externe qui change le niveau de l’activitéélectrochimique dans le système nerveux.Ces changements dans l’activiténer-veuse provoquent un pattern mimique propreàune émotion discrète.Alors,une rétroaction sensorielle provenant des muscles du visage génère l’expérience

Conscience etémotion

subjective correspondante.Cette conception de l’acti-vation de l’émotion a pour les auteurs d’importantes implications pour la régulationémotionnelle,dans la mesure oùle système somatique est sous le contr?le volontaire de l’individu.Ainsi,on montre comment le système de rétroaction faciale peutêtre utilisépour réguler l’expérienceémotionnelle[16].Cette inhibition peutêtre partielle ou complète.Pour Izard,ces suppres-sions volontaires ne font pas complètement dispara?tre l’expérience subjective,mais le contr?le de l’expres-sion mimique joue un grand r?le dans la régulation du ressentiémotionnel.L’exercice prolongéde la répres-sion de l’expression peut mener un sujetàdes difficul-tés psychologiques dans la mesure oùcette pratique bloque le processusémotionnel normal.L’énergie qui en résulte,non dépensée dans le processus de rétro-action,peut ampli?er une activation indifférenciée.Le message que le sujet retire de cette activation non spéci?que est vague,n’induit aucuneémotion particu-lière et peut meneràune activitéinefficace et mal adaptée.

Cette hypothèse dite de la rétroaction faciale sera reprise et systématisée par d’autres auteurs travaillant uniquement sur la question de la détermination d’une expérience subjectiveémotionnelle,en particulier par Laird[17].Pour ce dernier,deux systèmes de réponses corporelles différencient deux aspects du processus d’identi?cationémotionnelle:le comportement expressif donneàl’émotion sa qualitéet le niveau d’activation donneàl’émotion son intensité.Avec les méthodes de manipulation de l’expression faciale mus-cle par muscle ou d’exagération de l’expression faciale, ou encore de suppression de l’expression faciale,un certain nombre d’études ont montréque la qualitéde l’expérience subjective et la réponse physiologique dépendaient de l’expression mimique.Ekman a même montréque la manipulation des muscles faciaux pro-voque des réponses physiologiquesémotionnelles plus marquées que la simpleévocation d’expériences affectives[18].Plus récemment,Gross[19],proposant un modèle en plusieursétapes de l’activation d’un pro-cessusémotionnel,distingue deux grands types de mécanismes de régulation.Le premier concerne des mécanismes cognitifs dits de réévaluation qui procè-dent en aval de l’expérienceémotionnelle(par exemple détournement de l’attention ou réévaluation de la situation ou de ses propres capacitésàla gérer)dans le but de diminuer l’intensitédes réponsesémotionnelles comportementales,subjectives et physiologiques.Le second type de mécanisme de régulation agit sur les réponsesémotionnelles elles-mêmes une fois l’émo-tion déjàenclenchée.Un exemple typique en est la suppressionémotionnelle,dé?nie comme l’inhibition de l’expressivitécomportementale pendant une activa-tionémotionnelle.Gross et Levenson,en1993[20],ont testél’effet de cette suppression sur l’expérience sub-jectiveàl’aide des méthodes déjàemployées pour véri?er l’hypothèse de la rétroaction faciale.Quatre-vingt-cinq sujets ont regardéun?lm censéinduire des émotions de dégo?t et leurs réponses comportementa-les,physiologiques et subjectives ontétéenregistrées dans deux conditions:l’une sans consigne particulière, l’autre oùils doivent masquer ce qu’ils ressentent.Les résultats montrent que la consigne de suppression induisait unétat physiologique mixte:elle permettait en effet de diminuer la fréquence cardiaque et les autres signes somatiques d’uneémotion,mais menait àune augmentation de l’activitédu système nerveux sympathique(évaluée sur d’autres mesures cardiovas-culaires et les réponsesélectrodermales).Les auteurs comprennent cette augmentation de l’activation phy-siologique sympathique comme un surcro?t d’efforts fournis pour supprimer la réponse comportementale émotionnelle en cours d’activation.Ce serait le second type de mécanisme qui pourrait induire des consé-quences dommageables pour la santéphysique,aux-quelles uneénorme littérature aétéconsacrée.En revanche,la suppression ne semble avoir aucun effet sur l’expérience subjective de l’émotion,ce qui contre-dit l’hypothèse de rétroaction faciale.

àla?n des années1970,une polémique sur le statut de la rétroaction faciale aétéprovoquée par Tourangeau et Ellsworth[21]qui mettaient en doute par la même occasion les théoriesémotionnelles plus larges censées y adhérer,àsavoir celle d’Izard et de Tomkins.Ces derniers ont répondu en désavouant lar-gement leur appartenanceàune telle conception de la rétroaction faciale,précisant que l’occurrence de l’expérience subjective ne repose pas uniquement sur des mouvements faciaux[22,23].La théorie desémo-tions fondamentales aétéremodelée de nombreuses fois par Izard,qui a reconnu une indépendance com-plète entre expression faciale et expérience subjective, la rétroaction faciale n’étant plus considérée que comme un mode d’activation d’uneémotion parmi quatre.Ce qui reste défendu dans la théorie,c’est le caractère inné,biologique et universel,d’un nombre limitéd’émotions primaires qui ont eu un r?le adaptatif dans l’évolution,ainsi que leurs expressions faciales. Mais cette concordance ne peut s’observer que dans les cas d’émotions spontanément exprimées et Izard et Ekman accordent,dans les versions suivantes de leur

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théorie,un r?le croissant aux processus culturels et de socialisation,qui imposent d’exercer un contr?le volontaire sur nos expressions faciales[24-26].Ainsi Ekman défend-il une théorie neuro-culturelle desémo-tions qui rend compte,àla fois,de leur universalitéet de leurs différences culturelles.En parallèle et relative-mentàl’expérience subjective,Izard distingue des états affectifs complexes qui dépendent complètement de processus cognitifs et du langage(comme la jalou-sie)et desétatsémotionnels qui peuventêtre activés sans participation aucune de ces processus cognitifs (comme une colère activée par une douleur).

L’évaluation cognitive

La thèse célèbre de Schachter et Singer[27]est en ?liation directe de celle de James,mais lui objecte que les changements viscéraux et somatiques qui se pro-duisent durant uneémotion sont relativement indiffé-renciés,et ne peuvent rendre compte du niveau de complexitérequis pour différencier les qualités des expériencesémotionnelles.Aussi ajoutent-ilsàl’élé-ment physiologique l’élément cognitif indispensableàune expérienceémotionnelle subjective:si l’intensitéd’une expérienceémotionnelle subjective dérive bien de la perception de son degréd’activation physiologi-que,en particulier viscérale,sa qualité,elle,dérive de processus cognitifs mis en?uvre par l’individu pour comprendre la situation.Les auteurs démontrent que l’individu a besoin d’expliquer l’augmentation de son activation physiologique,et que la source de cette explication réside en des croyances sur les particulari-tés et les objectifs de la situation.Ainsi,l’identi?cation d’unétatémotionnel particulier ne peut s’effectuer que sur la base de facteurs cognitifs et contextuels,l’activa-tion restant insuffisamment différenciée.C’est pourtant cette dernière hypothèse que les travaux suivants ont remis en question dans la mesure oùdes patterns phy-siologiques relativement différenciés pour plusieurs émotions ontétéidenti?és,bien qu’il n’y ait pas de spéci?citéétablie pour chaqueémotion.Par exemple, Ekman a mis enévidence le fait que les réponses phy-siologiques diffèrent selon l’émotionétudiée[28]et montréque des réponses cardiovasculaires différen-ciées permettent de distinguer plusieursétatsémotion-nels[29],et surtout des différences individuelles dans la perception de ces réponses[30].

Un des intérêts de la théorie de Schachter et Singer fut d’avoir ouvert la voieàl’étude des processus cogni-tifsàl’?uvre dans l’occurrence d’une expérienceémo-tionnelle et engendrer le développement de théories autour du concept d’évaluation.àleur suite,Mandler [31]a fait dépendre la qualité(et la quali?cation)d’une émotion de processus d’évaluation cognitive,tout en continuantàaccorder un r?le antécédentàl’activation du système nerveux,activation qu’il fait dépendre d’une interruption d’une?séquence d’actions?(pen-sées ou comportements en cours).Rejetant l’idée que l’émotion soit unétat indifférenciéd’activation physio-logique auquel uneévaluation cognitive aétéappli-quée,Lazarus accentue l’importance de ces processus. L’émotion dépend d’abord de l’évaluation de la situa-tion et l’activation lui succède[32-34],théorie qui ouvrira pour une bonne vingtaine d’années le débat sur la primautédes cognitions versus celle desémotions. Lazarus,tout comme Arnold,Scherer ou Frijda,a parti-culièrement contribuéàla conceptualisation théo-rique et expérimentale du processus initial d’évalua-tion cognitive:ce ne sont pas lesévénements par eux-mêmes qui engendrent l’émotion,mais desévalua-tions et interprétations de ces mêmesévénements qui interviennent entre la stimulation environnementale et les réponses physiologiques et comportementales.Ces évaluations constituent donc des antécédents des pro-cessusémotionnels.Scherer les a dé?nies en séquen-ces de traitement de la stimulation qui contribuentàla différenciation de l’expérienceémotionnelle[35,36]. Arnold décrit comment l’évaluation de la situation sus-cite une“tendance d’action”,assimiléeàl’expérience émotionnelle,accompagnée de patterns physiologi-ques différenciés et menantéventuellementàl’action [37].De manière générale,sixàneuf dimensions ou critères d’évaluation ontétéisolées qui permettent de déterminer plusieurs situationsémotionnelles.Citons quelques critères communsàplusieurs auteurs:la comparaison entre unétat désiréet l’état actuel,les types de motivation,l’évaluation de la probabilitéd’occurrence d’un résultat(particulièrementàl’?uvre par exemple dans la peur ou l’espoir),l’attribution de la responsabilitéd’une action(qui in?uence la détermina-tion d’émotions comme la colère,la honte ou la?erté). Pour Roseman[38],c’est l’appréciation de la dimen-sion de plaisir-déplaisir qui déterminerait le plus puis-samment l’intensitéde l’émotion.L’attention simulta-née portéeàla perception de l’activation physiologique et aux processus cognitifs d’évaluation a conduit cer-tains auteursàdistinguer deux types de réponses face àunévénementémotionnel mena?ant,dites de confrontation et d’évitement[3,39].Face au caractère ambigu d’une situation mena?ante,le besoin d’évaluer cognitivement la situation inviteàdes réponses de confrontation.En revanche,si l’individu est marquépar une intolérance pour son activationémotionnelle cor-

Conscience etémotion

porelle,les réponses d’évitement prédominent:elles consistent alorsàinterrompre l’évaluation cognitive pour minimiser l’impact mena?ant de la situation.

Ainsi,les théories cognitives de l’émotion ont réfutél’existence d’une expérienceémotionnelle sans appré-ciation cognitive préalable.Si la théorie desémotions primaires a reconnu son r?le dans l’activation d’une émotion,elle se différencie radicalement de ces théo-ries en ne la considérant pas comme essentielle ou indispensable.Ainsi,Izard soutient qu’uneémotion,de son activation physiologique jusqu’àson expression comportementale,peut totalement se passer d’une médiation cognitive.Et c’est de ce point de vue que sont envisagées les relations entre conscience etémo-tion.Une fois activée,l’émotion est toujours présente dans la conscience et c’est elle qui précède et affecte la qualitédes processus cognitifs d’évaluation en cours, qui peuvent alors moduler son intensitéou sa qualité[40].Dans la mesure oùles expressions faciales sont programmées et associéesàdes expériences subjecti-ves qualitativement distinctes,la nature de l’expé-rience subjective est invariante,depuis l’émergence des différentesémotions primaires dans la première enfance jusqu’àla?n de la vie.En revanche,ce seraient les cognitions associées quiévoluent avec l’age, l’expérience et le contexte.Les différentesémotions fondamentalesémergent successivement au cours de la première année de la vie et sont intégrées dans la conscience selon trois modes dominants de traitement des expériences affectives qui se succèdent:sensoriel, perceptif et cognitif.

Conscience etémotion:

modèles psychologiques contemporains

La grande majoritédes avancées de ces dernières années sur l’émotion concerne l’étude des structures cérébrales impliquées dans la réponseémotionnelle, ayant béné?ciédes techniques d’imagerie cérébrale fonctionnelle et des méthodologies expérimentales des neurosciences cognitives qui dépassent le champ de notre article(voir par exemple[41,42]).Ces nouvelles données neuronales conduisentàdes modèles de la conscienceémotionnelle permettant d’intégrer les apports auparavant contradictoires des tenants d’une appréciation avant tout corporelle de l’émotion et des défenseurs de la primautéde l’évaluation cognitive [43].Pour les auteurs qui travaillentàla fois sur des modèles de la conscience et sur l’émotion,certaines structures cérébrales semblent communesàl’émotion et au niveau de conscience[44].Sans entrer dans l’identi?cation de ces structures,nous résumons un des modèles neurobiologiques de prise de conscience desémotions qui aétéle plus porteur ces dernières années,celui proposépar Damasio[45].Trois concepts clés en constituent les piliers:l’émotion,le sentiment (feeling)et le sentiment conscient d’éprouver uneémo-tion(feeling a feeling)apparu plus tardivement dans l’évolution(de l’espèce et individuelle)et ayantégale-ment des fonctions adaptatives essentielles.Dans la premièreétape,Damasio considère un premierétat émotionnel interne comme une réponse neuronaleàun stimulus,activant des aires neuronales prédétermi-nées(aires d’induction de l’émotion).Celles-ci entra?-nentàleur tour des modi?cations dans le corps et dans d’autres structures cérébrales et déclenchent l’ensem-ble des réponses cérébrales et corporelles publique-ment observables qui constituent uneémotion. Ensuite,des cartes neuronales de premier ordre repré-sentent les modi?cations de l’état du corps,conduisent àdes images mentales et le sentiment(feeling)émerge.Cette représentation de l’organisme se fait par le biais d’un proto-Soi(proto-self),dont nous n’avons pas conscience,qui est?une collection cohérente de con?gurations neuronales qui,instant après instant, cartographient l’état de la structure physique de l’orga-nisme dans ses nombreuses dimensions?.Ces con?-gurations neuronales proviennent de deux sortes de changements biologiques,des changements relatifsàl’état corporel(réels ou?comme si?)et des change-ments relatifsàl’état cognitif.Finalement,Damasio postule que le fait d’éprouver un sentiment ne co?ncide pas avec le fait de savoir qu’on l’éprouve et que c’est dans uneétape ultérieure qu’appara?t la conscience d’avoir un sentiment(feeling a feeling):?Mais rien dans le compte-rendu ci-dessus n’indique comment l’organisme pourrait savoir qu’il est en train de ressen-tir l’émotion qu’iléprouve.Pour qu’un organisme sache qu’il a un sentiment,il faut ajouter le processus de conscience aux processus d’émotion et de senti-ment?.Ce dernier processus est issu de l’activitéde structures neuronales de second ordre qui forment des représentations des modi?cations du proto-Soi dans sa relation avec l’environnement.Une des thèses fonda-mentales concerne donc l’enracinement de l’émotion et de la conscience dans la représentation du corps,le sentiment d’éprouver uneémotion reposant lui-même sur un ensemble très concret de con?gurations neuro-nales cartographiées par des structures bien dé?nies. C’est ainsi que Damasio se positionne lui-même dans la lignée des idées de James tout en les complétantà

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l’aune des nouvelles connaissances sur le cerveau,qui le conduisent par la même occasionàdéfaire les objec-tions qui avaientétéadressées par Cannon.

C’estégalement dans le théatre du corps et du cer-veau que des modèles psychologiques récentsélabo-rent les différentesétapes menantàla prise de cons-cience d’uneémotion,mais en s’attachant plusàidenti?er les processus psychologiques qui la sous-tendent que les processus neuronaux.Nous présente-rons deux de ces modèles.Le premier est développépar Lambie et Marcel[46]qui conceptualisent les diffé-rentes variétés d’expériencesémotionnelles et de conscience en se centrant sur leur caractérisation phé-noménologique.Reprenant les apports essentiels de James,Schachter et Singer,Tomkins,Mandler et Damasio,ils replacent les déterminants corporels et cognitifs d’une expérienceémotionnelle au sein d’un modèle complexe que nous simpli?ons.Leur point de départ consisteàenvisager l’expérienceémotionnelle comme n’étant pas simplement une composante de l’émotion(sa composante subjective),mais se situantàun niveau supérieur en tant qu’expérience(conscience) d’au moins une de ces composantes(activation physio-logique corporelle,évaluation cognitive,tendanceàl’action).Ainsi,le modèle distingue l’étatémotionnel dont nous n’avons pas forcément conscience de l’expé-rienceémotionnelle,elle-même décomposée en deux sous-types.

L’étatémotionnel résulte d’uneévaluation primaire d’un stimulus,généralement non consciente,engen-drant dans l’organisme des changements physiologi-ques et corporels qui induisent une tendanceàl’action. Cetteévaluation laisseégalement une empreinte d’elle-même chez le sujet,c’est-à-dire qu’elle conduitàune description de la fa?on dont le sujet aétéaffectépar l’événement.Des processus successifs de ré-évaluation,généralement conscients,modulent les actions et les descriptions de l’état du soi.

L’expérienceémotionnelle distingue une expé-rience phénoménologique de?premier ordre?dési-gnant les aspects phénoménologiques de cetétatémo-tionnel et une conscience de?second ordre?de cette expérience.Dépendant de l’attention focale,àlaquelle les auteurs accordent un r?le central,leur contenu peut être constituéd’un ou plusieurs aspects de l’étatémo-tionnel(les aspects corporels et/ou les descriptions de soi issues des processus d’évaluation).

L’expérience de premier ordre est constituée des aspects immédiats de l’expérienceémotionnelle et elle est d’ordre uniquement corporel,imprégnée de sa ten-danceàl’action.Elle dépend essentiellement de l’orientation de l’attention:vers soi versus vers le monde extérieur.Dans cette mesure,ses contenus phé-noménologiques ne sont constitués que d’expériences corporelles de soi(de type?diminué(e)?,?oppres-sé(e)?,?écrasé(e)?)ou d’expériences relatives aux relations physiques entre le corps et le monde exté-rieur(comment c’est de percevoir le monde quand je suis dans unétatémotionnel).Prenons l’exemple de la joie:lorsque l’attention est plus orientée vers soi,son contenu consiste en des expériences du corps de type ?léger?,?plein d’allant?et lorsque l’attention se porte plus vers le monde,il s’agit d’expériences du monde en tant qu’il invite ou interdit l’action,de type ?ouvert?,?accueillant?,?entra?nant?.

L’expérienceémotionnelle de second ordre,quantàelle,peut consister:1)en une conscience de n’importe quel aspect phénoménologique de ces premières expé-riences;2)en des penséesémotionnelles conscientes (?je le hais?);3)en la conscience de ces expériences commeétant desémotions(la haine,la colère,la peur...),parfois appelée conscience ré?exive.Le contenu de ces expériences dépendégalement des aspects précédemment détaillés de l’attention mais également de son mode:il s’agit du degré?d’immer-sion?ou de détachement dans cette expérience.Par ailleurs,plus cette attention focale est analytique(en oppositionàsynthétique),plus l’expérience est vécue sur un mode abstrait et décontextualisé.Par exemple, c’est une conscience de différentes sensations corpo-relles qui dominera,comme celles d’une tension mus-culaire ou de larmes qui viennent aux yeux(Lambie et Marcel considèrent ces aspects corporelsémotionnels comme faisant partie de la conscience de second ordre, car résultant d’un processus d’attention analytique envers son corps et sujetsàbien des variations cultu-relles).àl’inverse,plus cette attention sera synthéti-que,plus l’émotion sera susceptible d’être catégorisée par la personne(peur,joie,colère...)-catégorisation qui dépend de la culture-et de prendre la forme de penséesémotionnelles conscientes sur les circonstan-ces d’occurrence d’unétatémotionnel ou ses consé-quences.Ces pensées prennent leur source dans des processus d’évaluation et de ré-évaluation conduisant àdes penséesémotionnelles plus différenciées(?ce n’était pas une offense délibérée?)et l’élaboration de réponses appropriées.Les processus de ré-évaluation conduisentégalementàdes méta-émotions telles que la honte de se sentir envieux.Nous ne pouvons détailler plus amplement d’autres facteurs concourant aux diverses qualités de cette expérienceémotionnelle (telle la dimension hédonisteàlaquelle les auteurs

Conscience etémotion

accordent une place majeureàchaque niveau d’expé-rience et de conscience),mais nousévoquerons plus loin les implications cliniques de ce modèle,plus parti-culièrement les cas relevant d’un?dé?cit?de cons-cienceémotionnelle,auxquels la psychopathologie accorde un intérêt prononcédepuis une quinzaine d’années.

Le second modèle psychologique que nous choisis-sons de développer est celui de Russell[47]qui avait étél’un des théoriciens majeurs des conceptions dimensionnelles de l’émotion[48].La théorie dimen-sionnelle desémotions voulait démontrer que l’expé-rienceémotionnelle elle-même pouvaitêtre dé?nie par l’interaction de quelques dimensions.Elle s’est déve-loppée en essayant d’établir une analogie entre la structure de l’espace affectif et celle de l’expression, verbale et mimique.Cette approche tire ses origines de l’idée que l’émotion ne constitue pas unétat particulier de l’organisme,mais fait partie du processus plus large d’activation.Dans cette approche,touteémotion(et toute quali?cationémotionnelle)peutêtre comprise et dé?nie comme un phénomène déterminépar deux dimensions de base:plaisir-déplaisir et activation-désactivation[49,50].Une troisième dimension, dénommée“pouvoir”ou“domination”,appara?t plus ou moins nettement.Revisitant son modèle,Russell s’inscrit dans la lignée ouverte par Schachter et Singer pour tenter une synthèse des propositions de James avec les points de vue contemporains sur les processus impliqués dans l’identi?cation d’une expérienceémo-tionnelle subjective.Les deux dimensions de plaisir-déplaisir et activation-désactivation sont considérées comme constitutives d’un concept de départ qui est celui d’affect fondamental(core affect):cet affect est primaire,universel et son expérience subjective est simple(comparéeàla température du corps ressentie). Il peut exister sansêtre nommé,interprétéou attribuéàune quelconque cause;un individu est toujours dans un telétat affectif,d’intensitévariable et plus ou moins accessibleàla conscience.Cet affect primaire est dis-tinguéde la perception de sa qualitéaffective qui mène àun affect?attribué?(attributed affect).Ce dernier n’existe que s’il y a un changement dans l’état affectif fondamental,un objet et une attribution de l’affect pri-maireàl’objet.Mais les deux dimensions de base de cet affect ne sont pas suffisantes pour rendre compte de la richesse desévénementsémotionnels et Russell poursuit en les intégrant dans une perspective catégo-rielle.Son modèle renverse la séquence traditionnelle constitutive d’unépisodeémotionnel,celle d’unévéne-ment antécédent causant uneémotion se manifestant alors par la série de ses diverses composantes, expressives-comportementales,physiologiques et sub-jectives.Il rejette l’idée que celles-ci seraient innées et bien dé?nies pour chaqueémotion(théorie desémo-tions fondamentales)et qu’elles soient biologiquement ou socialement déterminées.Il con?oit chaqueépisode émotionnel comme une construction psychologique dans laquelle,àchaque fois,chacune de ses compo-santes est comparéeàune représentation mentale pro-totypique d’uneémotion donnée(la peur,la colère...). Mais chaque composante peut survenir indépendam-ment les unes des autres,ce qui constitue pour Russell des expériences de dissociation bien plus fréquentes que l’occurrence de?la panoplie complète?d’une émotion et ce qui rend compte de l’in?nitédes expé-riences possibles.àun niveau fondamental,la catégo-risation de sonétat par la personne est considérée comme une méta-expérienceémotionnelle,qui s’opère après-coup par la construction et l’interprétation des changements corporels,des affects primaires,des cognitions,des comportements et des qualitéséva-luées de l’objet.Russell s’inscrit ici dans la lignée des propositions de James,de Schachter et Singer,et s’opposeàla conception d’émotions discrètes biologi-quement déterminées–cette?uvre de catégorisation émotionnelle variant par ailleurs avec la langue et la culture.Ilétaye ses arguments sur le modèle neurobio-logique desémotions de LeDoux[51]qui fait succéder la conscience des sentiments aux autres composantes du processusémotionnel.Selon LeDoux,les senti-ments subjectifs et les manifestations motrices et auto-nomes desémotions seraient les produits d’un sys-tème fondamental opérant en dehors de l’expérience consciente,dont la cléserait les formations amygda-liennes.Deux voies de transmission des informations sensorielles seraient possibles,l’une directe menantàdes réponsesémotionnelles immédiates,impulsives, l’autre indirecte et plus longue transitant par le néocor-tex et suscitant une appréciation cognitive plusélabo-rée des informations sensorielles,menantàdes répon-ses plus?nes et modulées.Une fois la prise de conscience des sentiments effectuée,un système cognitif encore plusélaborépermettrait de réguler la réactionémotionnelle,la maturation de ce dernier sys-tème s’étayant sur l’acquisition du langage et des pos-sibilités de symbolisation.C’est ce système qui donne sensànos expériences subjectives.Il est de plus sug-géréque le sentiment est“expérimenté”,vécu,lors-que les appréciations des stimuli sont mises en relation avec la mémoire de travail et deviennent intégrées aux expériences passées et aux représentations du sujet.

S.Carton

Russell prendégalement appui sur les travaux de Gaz-zaniga[52]qui ont montréle r?le de l’hémisphère céré-bral gauche dans l’interprétation et la construction d’étatsémotionnels pouvantêtre induits,en dehors de la conscience du sujet,dans l’hémisphère droit.Russell envisage alors une?réconciliation?des différentes approches de l’expérienceémotionnelle en fonction des concepts de son modèle:le terme d’émotion dans la théorie de James et celle de Schachter et Singer pourraitêtre remplacépar celui de méta-expérience émotionnelle et il correspondrait au substrat neuronal du comportementémotionnel dans celle de Cannon; c’est celui d’épisodeémotionnel prototypique qui conviendrait dans la théorie de Tomkins.

Nous terminerons cette partie avec deux modèles qui se sont attachés auxétapes développementales de la conscienceémotionnelle.Lewis a,dans ce cadre, différenciéplusieurs types d’émotions en fonction du degréde maturation des capacités cognitives[53].Les émotions les plus“évoluées”sont appelées des self-conscious emotions,dont la production dépendétroite-ment de processusélaborés d’évaluation cognitive. Elles ne peuventêtre identi?ées par des expressions mimiques et corporelles et sont différenciées desémo-tions fondamentales,primaires,apparaissant très t?t dans le développement(pendant les six premiers mois).Puis,lorsque se développent les capacités d’acquisition,de comparaison et d’intériorisation de normes,règles et lois,apparaissent des self-conscious evaluative emotions,les plus différenciées,comme la honte,la culpabilitéou la?erté.Les processus d’éva-luation en jeu portent sur l’évaluation de la responsabi-litéde ses actions,pensées et sentiments,sur les senti-ments personnels d’échec ou de réussite et sur le mode de mise en cause,soit dirigésur le sujet lui-même,soit focalisésur certaines de ses actions.

Un autre modèle de maturation de la conscience émotionnelle qui commenceàêtre bien diffuséet uti-liséen France[54-56]s’est inspirédes théories du développement cognitif de Piaget pour identi?er cinq niveaux de transformation structurelle correspondantàdes types de traitement cognitif de l’information[57]. Ces niveaux se développent au cours de la maturation et sont assimilésàdes niveaux de conscienceémotion-nelle,les auteurs rendantéquivalents les termes d’expérienceémotionnelle et de conscienceémotion-nelle,utilisant ce dernier pour mettre en exergue l’aspect conscient de l’expérience dérivant des proces-sus cognitifs mis en?uvre.àchaque niveau de cons-cienceémotionnelle correspondent un niveau de qua-litéde l’expérience subjective,un niveau de différenciation et un niveau de capacitéàla décrire.Au premier niveau,lesémotions correspondentàla cons-cience d’une activation somatique,elles ne sont que des sensations corporelles indifférenciées,que le sujet ne peut décrire que comme des sensations physiques. Au deuxième niveau,àces sensations corporelles s’ajoute une tendanceàl’action et un ressenti de plaisir ou de déplaisir.Au troisième niveau appara?t une repré-sentation d’émotions fondamentales,en nombre limitéet sans modulation d’intensité,elles sont présentes ou https://www.doczj.com/doc/c77746416.html, palette desémotions se diversi?e au qua-trième niveau,les réactionsémotionnelles deviennent plus complexes,plus riches,et la conscience de leur modulation se développe avec le temps.En?n,au cin-quième niveau,lesémotions sont complexes et diffé-renciées,en qualitéet intensité,et se mélangent pour former une in?nitéde nuances.Les auteurs ont crééun outil qui permet d’évaluer ces niveaux de conscience émotionnelle.Ainsi,dans ce modèle,les déterminants corporels que les premières théories desémotions ont mis enévidence prévalent dans un traitement de l’émotion primaire,alors que les processus d’évalua-tion cognitive n’entrent en jeu que dans les stades les plus développés.Les différentes théories desémotions sont situéesàdifférents niveaux du modèle:celle de James se situerait au niveau1(conscience de l’activa-tion somatique),celles de Tomkins au niveau3(nom-bre limitéd’émotions primaires),celle d’Izard au niveau4(patterns d’émotions primaires).L’approche de la conscienceémotionnelle se fait par l’étude de la qualitéde l’émotion(sa quali?cation)qui conduitàla reconstruction théorique,sur un modèle cognitif empruntéàPiaget,des différentesétapes ayant trans-formé,ou pas,ces expressions corporelles et ayant menéàces sorties[58].Ajoutons que Lane et al.s’atta-chentégalementàl’identi?cation des structures céré-brales impliquées dans chacun de ces niveaux.

Conclusion

Que ce soit dans les perspectives neuroscienti?-ques ouàun niveau plus purement psychologique,la littérature se penche attentivement sur tous les cas de ?gure,cliniques et psychopathologiques,oùl’état émotionnel ne s’accompagne pas de conscience de l’émotion(d’expérience subjective,phénoménologi-que,de sentiment),sur les cas de dissociation(percep-tion etévaluation d’une seule des composantes de l’émotion)et sur le grand fourre-tout clinique desétats dits de dé?citsémotionnels.C’est,en particulier,aux études de Damasio sur des cas de patients porteurs de lésions cérébrales que nous devons une grande part

Conscience etémotion

des connaissances sur les structures cérébrales impli-quées dans telle ou telle facette du traitement de sti-muliémotionnels,qui montrent l’existence d’émotions qui ne s’accompagnent pas de leur sentiment.En psy-chopathologie,certains de cesétats font l’objet de conceptualisations précises,émoussement affectif, alexithymie,apathie,anhédonie,présents dans des affections variées(dépressions,addictions,schizophré-nie...).Nous trouvons particulièrement pertinent le résuméque font Lambie et Marcel de ces diverses con?gurations:la personne est dans unétatémotion-nel mais sans expérience phénoménologique;la per-sonne a une expérience phénoménologique mais n’en a pas conscience;la personne a une expérience phé-noménologique et en est consciente mais n’est pas consciente qu’il s’agit d’uneémotion ou d’uneémotion spéci?que.Ils revisitentàpartir de leur modèle plu-sieurs types de cas de?non-conscience?de l’émotion, en particulier dans le contexte de l’alexithymie et dans le phénomène de répressionémotionnelle sur lequel nous nous sommes penchérécemment[59].Ce phéno-mène est dé?ni comme un processus défensif(dans une acception cognitive)déterminépar une lutte contre la prise de conscience d’émotions négatives(culpabi-

lité,colère,peur...).Il est caractérisépar l’inhibition des émotions négatives et l’utilisation de stratégies cogniti-ves visantàéviter de traiter les informations anxiogè-nes[60,61].La tendanceàavoir fréquemment et préfé-rentiellement recoursàce mécanisme,associéeàune faible dispositionàéprouver de l’anxiété,est considé-rée comme un trait de personnalité.Une des caractéris-tiques majeures de ce mécanisme est la dissociation émotionnelle relativeàl’anxiété:alors que ces person-nes se disent peu sensibles aux sources d’anxiétéet peu susceptibles de l’éprouver,leur réactivitéphysiolo-gique et comportementaleàdes stimuli anxiogènes est très intense.Suivant le modèle de Lambie et Marcel,il ne semble donc pas qu’il s’agisse ici d’un manque d’expérience phénoménologique de?premier ordre?(corporelle),ni d’un seul dé?cit de capacitéde catégori-sation de l’expérience,mais bien d’une difficultéàen acquérir une expérience consciente de?second ordre?,par impossibilitéàattribuer cette catégorieàeux-mêmes.L’alexithymie est considérée,àla suite de Lane et al.[62],comme une sorte de dé?cit de cons-cienceémotionnelle,d?àun dé?cit de catégorisation de l’expérienceémotionnelle acquis au cours du déve-loppement.

La composante subjective desémotions et la ques-tion de sa conscience est longtemps restée la plus ouverte et l’objet de controverses car taxée de non objectivable,non mesurable.Les développements psy-chologiques récents l’ont remiseàl’honneur en inté-grant les apports majeurs de James,Schachter et Sin-ger et des théories de l’évaluation.Plus de cent ans après,la théorie de James continue d’alimenter les discussions sur l’origine de notre expérienceémotion-nelle et est revisitée par l’ensemble des modèles contemporains sur sa prise de conscience.Les concep-tions qui reprennent son héritage,comme celle de Damasio,sont elles-mêmes critiquées pour le r?le déterminant qu’elles accordent aux marqueurs somati-ques de l’émotion[63].Si ces auteurs contemporains diffèrent sur le poids qu’ils accordent aux structures cérébrales dans la détermination de la conscience émotionnelle,leur point commun nous sembleêtre sa décomposition en plusieurs niveaux et types d’expé-rience.Alors que l’on concevait jusque-làles phénomè-nes de dissociation entre composantes d’uneémotion au sein d’un seul niveau,celui de l’émotion(compo-sante corporelle-expressive sans expérience subjective ou inversement),le renouveau d’attention portéàses processus de prise de conscience a conduitàun déni-vellement de cette expérience subjective.Les différen-tes modélisations qui en sont faites permettent de ren-dre compte d’une nouvelle manière des différents contenus qualitatifs que peut prendre cette expérience, desémotions primaires les plus

physiologiquement

S.Carton

déterminées,jusqu’aux sentiments les plus sociaux et les plus imprégnés de composantes cognitives,comme la?erté,la honte ou la culpabilité,ou encore unétat si complexe que la nostalgie d’un bonheur.Qu’ils s’atta-chent plusàl’identi?cation des structures cérébrales ouàcelle des processus psychologiques qui permet-tent ou entravent l’accèsàun niveau de conscience supérieur,ces modèleséclairent d’un jour nouveau les phénomènes extrêmement divers de dé?cits de cons-cienceémotionnelle.

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S.Carton

中国文化心理学

1、“中国文化心理学”不是指中国的文化心理学,而是指中国文化里的心理学,即中国文化里所蕴含的心理学;广义的中国文化指中国人在社会实践过程中所获得的物质、精神的生产能力和创造的物质、精神财富的总和。 2、评判方法:专家评判法、特色比较法、历史考察法 3、证明中国文化里有心理学: (1)内容相似论证法(简便易行) 弱点:它只能从中国文化里找出与西方心理学思想类似的心理学思想,而不能找出与西方心理学思想不同的、体现中国文化自身特色的心理学思想,因内容相似论证从方法论上属于一种求同研究。所谓求同研究,指在研究中国文化心理学时,以现代心理学的概念与体系为参照,找出中国文化里与外国的心理学思想类似的心理学思想。 求同研究的优点是较易做,并且在全球化大背景下,求同研究易让来自不同国家或地区的研究者找到“对话”的语境或桥梁,从而使得不同研究者在研究同一主题时,尽管研究的角度可以不同,但可以彼此相互”对话“,而不是各自”独白“,这既有助于来自不同文化圈的心理学研究者彼此认识到各自研究的独特文化价值,也有助于文化心理学的健康成长。 (2)基本问题论证法(最佳) 这就为中国文化尤其是中国传统文化里所蕴藏的、具有自身特色的心理学思想留下了生存空间,也使在中国文化心理学的研究中贯彻求异研究原则称为可能。 4、社会化:是个体通过与社会的交互作用,适应并吸收社会的文化,称为一个合格的社会成员的过程。 5、“做人”,实指一个生物性个体(自然人)通过自身的努力而转变成一个社会性个体(社会人),成为一个合格的社会成员的过程。 6、社会化中中国文化有三种观点:一是习性论;二是慎染说;三是童心失说(1)习性论突出了个体心理社会化的“结果”,即“性与习成” (2)“染不可不慎”:慎染说,指谨慎对待环境的教化对个体品行的影响的一种观点。“近朱者赤近墨者黑” (3)“然童心胡然而邃失也”: 童心失说,一个人只有保持童 心,才能做一个真人;反之,一 个人一旦失去童心,就变成假 人,说假话,做假事。 7、中国人的社会化理论 (1)它所持的是多因素论。(遗 传、环境、教育和主体性) (2)重视环境在个体社会化中 所起的巨大作用。 (3)推崇“少成若天性,习惯 成自然”的道理。 (4)突出了双主体的作用。(充 分认识到不同环境对人的人格 影响不一样) 8、自我,又叫自我意识,指个 人对自己身心状况、人—我关系 的认识,情感以及由此产生的意 向。包含三种成分:自我认知, 它指对自己各种身心状况、人— 我关系的认知;自我情感,它指 伴随自我认知而产生的情感体 验。自我意向,它指伴随自我认 知、自我情感而产生的各种思想 倾向和行为倾向。 9、“我”的称谓: (1)从自己与他人的关系:君 臣、父子、夫妇、兄弟、朋友(显 示出中国文化强调做人要有“共 生”取向) (2)重素质尤其是品质:寡人、 不才 (3)推崇自谦乃至自贬:小可、 奴才、老朽、在下 中国文化为了彰显社会我的的 地位与价值,不惜忽略乃至压抑 个体我的地位与价值;西方文化 则相反,为了凸显个体我的地位 与价值,很少花力气去讲社会我 的地位与价值。 10、中国人自我表现的特点 (1)重礼节,“油多不坏菜,礼 多人不怪”;重视长幼尊卑之序, 提倡在适当的“场合”做适当的 “行为”——“场依存性” (2)怕“出格”指一个人在自 我表现时,惧怕与多数人不一样 的心态。“人怕出名猪怕壮”、“枪打出头 鸟” (3)好兜圈子: ~1习惯用带有模糊或弹性空间的词语来 与人交流。“一语双关”、“锣鼓听音,听 话听声”、“这是我同学” ~2喜用间接方式表达自己的想法。“虽 然,但是” ~3习惯用复数代词来称自己与他人。不 用“我、你、他”,多用“我们、你们” (4)喜含蓄 ~1体现在日常生活中的与人交往里。 ~2表达心情如喜悦之情的方式中。“笑 不露齿”、“会心一笑” ~3体现在审美观念和所创造的艺术品 里。中国建筑一般都用照墙、照壁或者 假山之类的装饰物,室内有屏风。 (5)表里不一。“不坐、不坐” (6)内外有别。“圈子心理”指一个人 在与他人交往时,有意无意地产生一种 划圈子的心理习惯。 11、“真和”指真正意义上的和谐人际 关系。一是交往双方都从心底彼此尊重 并接受对方合情合理的个性特征,并相 互鼓励对方发展自己的健全人格;二是 做到“心和”,即交往双方都要从心底彼 此友爱,从心底彼此理解对方合乎道义 和法律的所作所为,在此基础上再通过 民主协商对话、互融互让或适度竞争等 方式来寻求一种协调一致的关系。“管仲 和鲍叔” 12、“伪和”指虚假的和谐人际关系。 (1)“面和心不和”:交往双方表面关 系和谐,但心中彼此怨恨对方,或一方 对另一方心存不满甚至怨恨。 (2)以“同”代“和”:以自我为中心, 抹杀其他人的个性,从而谋求一种无差 别的一致性人际关系。 产生原因:一、交往双方或一方没有真 正理解“和”与“同”的本质差异,误 将“同”视作“和”;二、在特定场合或 特定群体内部(军队),有时“同人心” 往往能产生巨大力量,“二人同心其利 断金”;三、管理者出于方便管理的需要, 往往喜欢以“同”代“和”;四、受中国 传统“群体优先”思维方式的深刻影响。 当群体利益与个人利益相矛盾时,一些 人自愿或被迫放弃自己的个性。

周晓虹《现代社会心理学》笔记+考研真题详解(第12章 文化对人格及社会行为的影响)【圣才出品】

第12章文化对人格及社会行为的影响 12.1复习笔记 一、情感、动机与文化 1.儿童早期的情感发展 (1)在本世纪初的社会心理学中,有关儿童早期情感发展的基本历程是由弗洛伊德描述的。在他看来,每个人从小到大都要经历一系列先后有序的“心理一性”发展阶段,儿童在这些阶段中获得的经验决定了他的成年人格特征。而在这一发展中,具有决定作用的是所谓“俄迪浦斯情结”(恋母情结)或“伊列克缀情结”(恋父情结)。 (2)英国人类学家马林诺夫斯基提出了相反的观点。他认为影响儿童早期情感发展的不是“性”这样的本能因素,而是具体社会的家庭制度、家庭组织形式以及育儿方式。 2.青春期危机 (1)美国文化人类学家玛格丽特·米德的研究 米德详细研究了三个相邻小村中的50名姑娘后发现,和生物学因素相比,文化因素对发育有着更为重要的意义。 (2)1983年,澳大利亚人D.弗里曼著作《米德与萨摩亚:一个人类学神话的形成与破灭》。他认为,尽管“文化是由非遗传过程形成的,但如果不把文化同比它古老得多的系统发育引起的与文化有关的结构联系起来考虑,就无法充分理解文化本身。” 3.文化、亚文化与成就动机 成就动机的影响因素: (1)宗教信仰的影响

新教能够通过教育人民具有自主性(成就动机)来达到发展经济的目的,而其他文化也可以通过别的途径刺激人民的成就动机,从而达到发展经济的目的。所以,与其说宗教信仰与经济发展有关,不如说宗教信仰与成就动机的关系更为直接。 (2)家庭与学校教育 麦克莱兰的研究发现,新教徒所具有的强烈的成就动机,往往来自于父母亲的家庭教育。他们鼓励孩子在控制环境方面(如在伙伴面前的自信心、能够独立处理困难)独立自主,是孩子们长大以后产生强烈的成就追求的原因所在。 (3)社会阶层 西方许多研究都发现,人们的社会经济地位对成就动机的影响比宗教信仰因素还要高得多。一般说来,中产阶级的子女,在学校以及后来的生活中,容易接受强烈的追求成功的社会压力的影响,而社会地位较低阶层的子女,其成就动机则较低。 二、文化与认知 1.文化对感知觉的影响 (1)英国文化人类学与心理学家w.H.R.里弗斯发现居住在几内亚沿海的托列斯海峡默里岛民和英国人相比,较容易出现“横竖错觉”,但不易出现“缪勒一莱依尔错觉”。 (2)对知觉的影响,60年代由M.西格尔率领的一批由文化人类学家和心理学家组成的调查队又进行了一次历时6年的大规模跨文化研究。结果发现造成不同文化成员在视错觉上有所差异的某些规律: ①住在“木器化”世界(即方形环境)中、具有理解三维图形的二维表象能力的民族(如美国人),比住在“非木器化”世界中的民族(如住在圆形环境中的布须曼人和祖鲁人),容易产生“缪勒一莱依尔错觉”;

以控制情绪为话题的英语作文

以控制情绪为话题的英语作文 以控制情绪为话题的英语作文 You must control and direct your emotions not abolish them. Besides, abolition would be antimissile task. Emotions are like a river. Their power can be dammed up and released under control and direction, but is cannot be held forever in check. Sooner or later the dam will burst, unleashing catastrophic destruction. 你必须控制并导引你的情绪而非摧毁它,况且摧毁情绪是一件不可能的事情。情绪就像河流一样,你可以筑一道堤防把它挡起来,并在控制和导引之下排放它,但却不能永远抑制它,否则那道堤防迟早会崩溃,并造成大灾难。 Your negative emotions can also be controlled and directed. PMA and self-discipline can remove their harmful effects and make them serve constructive purposes. Sometimes fear and anger will inspire intense action. But you must always submit your negative emotions--and you positive ones--to the examination of your reason before releasing them. Emotion without reason is a dreadful enemy. 你的消极心态同样也可被控制和导引,积极心态和自律可去除其中有害的部分,而使这些消极心态能为目标贡献力量。有的时候恐惧和生气会激发出更彻底的行动,但是在你释放消极情

操作手册产品使用说明

JBKL型燃烧器PVC全自动 操作手册 大庆国科盛鑫节能环保设备制造有限公司 前言 我国是全世界自然资源浪费最严重的国家之一,在59个接受调查的国家中排名第56位。另据统计,中国的能源使用效率仅为美国的26.9%,日本的11.5%。为此,近年来我国推行了多项节能减排政策措施。目前,为了实现“十一五”规划中确定的单位GDP能耗降低20%的目标、主要污染物排放总量减少10%的约束性指标,国务院发布了继续加强节能工作的决定,节能减排工作迫在眉睫。 在举国重视节能减排工作的大形势下,我公司自主创新,目前已经自主研发9项国家专利技术,全部是节能减排燃油燃气燃烧器技术。我公司发展势头强劲,不断创新探索,为全国节能减排事业做出自己应有的责任。 我公司研发节能减排燃烧器过程中发现,目前小型取暖锅炉普遍使用的国内外燃烧器采用的程序控制工艺是:锅炉出口水温度到达给定值上限后,电磁阀关闭,炉灭火。锅炉出口水温度降到下限时锅炉重新启动,送风机进行3-5分钟炉膛扫线,这时大量冷风进入炉膛里,把炉膛温度大幅降下来,扫完炉膛后,重新喷燃气点火升温,这样消耗燃气量增加。因此我公司燃烧器程序控制是采用自动调节阀来控制燃气喷大小量,锅炉出口水

温平稳,安全运行,提高节能减排数据。 JBKL型燃气燃烧器的设计说明 JBKL型燃烧器主要是针对目前燃气燃烧器喷咀存在的问题而设计的。存在的问题是: 1、目前国内外使用的燃气喷咀是直线喷燃气方式,国际上燃烧器技术较发达的意大利、法国、德国等国家的相关技术也是直线喷燃气方式。燃气是靠自身压力通过燃气喷咀直线喷入炉膛里的,燃气压力而产生的冲力使燃气与空气在推进的一段距离内不容易混合好,因此燃气在逐步扩散中与空气边混合边燃烧,这样炉膛内的火型长,高温度热量停留在炉膛内的受热时间短,使排烟温度升高,导致热效率降低。当加负荷增加燃气压力时冲力增大,烟气在炉膛内的流速加快,排烟温度迅速升高,热效率更低。 2、目前油田加热炉、炼油厂加热炉使用的配风器都是配直流风方式,直流风和燃气混合时出现各走各的现象,完全燃烧所需要的时间长,需要大量的配风才能满足燃烧,在运行时高温度烟气向前的推动力很大,当加负荷加大配风量时,推动力更大,这是加热炉热效率低的重要因素。 针对这样的问题,我们紧紧抓住安全运行、稳定燃烧、快速完全燃烧、配备最佳空气、控制最佳烟气流速和提高炉热效率的关键因素,对锅炉燃烧器相关的结构和部位进行研究和开发,并采取了以下几点措施: 1、燃气压力设计在燃气喷枪管内,运行时燃气冲力产生真空度,利用这个动力把空气吸进来,燃气和空气提前有效地混合,缩短了燃烧的过程和时间,喷出的混合气体立即迅速燃烧,高温度的能量停留在炉膛内的时间长,排烟温度低,提高热效率。

如何应对负面情绪 How to Deal With Negative Emotion_英语作文

如何应对负面情绪How to Deal With Negative Emotion Life is a journey. We will see different scenery and learn to grow up. Nobody can live easy life all the time, and they must have gone through some hard time. The one who can conquer the difficulty will be stronger. While those who can’t deal with the negative emotion will miss the beautiful scenery. Wise men can find the ways to remove bad mood. 生活是一场旅程,我们将会看到不一样的风景并学习成长。没有人能一直过着一帆风顺的生活,他们都会经历一些艰难的时刻。那些能够克服困难的人会变得更强。而那些不能处理负面情绪的人会错过美丽的风景。智者总能找到方法来消除坏心情。 In the modern life, a lot of people do the same things every day, then the repeating routines are easy to frustrate them. They feel life is meaningful and why they have to sit in the office to work for a whole day. The negative emotion makes them lose themselves. At this time, they need to slow down their life pace. A trip is the best way to relax and forget about the annoyance. It opens your vision and helps you to find the answers.

跨文化心理学试题及答案

第一章: 1.跨文化沟通具有下列哪些特征? A.是一个比较普遍的现象 B.仅仅发生在与外国人面对面的交流中 C.已经有数千年的历史了 D.是一种常见的生活事件 ACD 2.文化具有下列哪些特征? A.文化是后天习得的 B.文化是可以共享的 C.文化以符号为基础 D.文化是一种动态过程 A,B,C,D 3.你怎样让一个法国人知道你很不耐烦了? A.拍拍你的嘴唇并且打一个长长的哈欠 B.无声的模仿吹长笛 C.用中指和食指按你的鼻子 B 4.在Belay的综合性三维度模型中,跨文化敏感性是情感角度的跨文化沟通能力。 A.对 B错 A 5.文化意识是指对影响自我、思维和行为的文化有所了解,让人们理解差异性和共同性。 A.对 B.错 A 第二章: 1.美国的主导文化模式包括下列哪些特征? A.个人主义 B.集体主义 C.物质主义 D.竞争 ACD 2.根据霍夫斯泰德的价值观维度,以下倾向于个人主义价值观的国家有? A.美国 B.澳大利亚 C.中国 D.日本

AB 3.请判断以下观点的对错:每一个个体都拥有多重文化身份,例如种族身份、民族身份、性别身份、地域身份、网络或幻想身份等,这些身份彼此合作,任一身份都是环境的产物。 A.对 B.错 A 4.男性气质文化是指大男子主义盛行的文化。 A.对 B.错 B 5.开放思维包括个体表达自己的想法,并倾听或接受他人的观点。 A.对 B.错 A 第三章: 1.在高情境文化中,情境和非言语对理解说话者想要表达的意思非常重要。这个表述是正确的吗? A.对 B.错 A 2.在有些文化中,人们更愿意表达自己的情绪,有更丰富的肢体语言,这种文化是: A.中性文化 B.感性文化 C.高情境文化 D.低情境文化 B 3.相比于高情境文化中的人,在谈话中,当双方很长一段时间都不说话时,来自低情境文化的人会觉得不舒服。 A.对 B.错 A 4.下列关于成就型文化与附属型文化不正确的描述是: A.在附属型文化中,将一个人身份地位和所属的组织联系起来是很重要的。 B.在附属型文化中,初次见面的人可能相互问“你学的是什么”、“你从哪里毕业的”。 C.成就型文化与附属型文化可以同时存在于一个群体内。 D.成就型文化的管理者总是希望别人能够顺从他。 D

外卖产品操作流程及标准 (1)

百度外卖产品操作操作流程 接单: 1:平台会提前一小时下单,(前期是电话下单,后期会接入点餐系统)门店在接单后制作产品,对产品按计量包装好后放入制定位置,平台骑手会在规定的时间进行取餐 2:后厨在接单后15分钟内必须出完所有产品,打包好后装入食品袋放入门店指定的位置。 产品范围: 6种锅底:菌王糊辣鸳鸯锅、菌王柠檬鸳鸯锅、菌王酸汤鸳鸯锅、菌王鲜辣鸳鸯锅、菌王养颜木瓜鸳鸯锅、菌王滋补鸳鸯锅、菜单上除果汁与果酒所有产品。产品标准: 菌王糊辣鸳鸯锅 1:配制好的成品菌汤,包装规格900克/袋,(含香菇片,鸡油,配制标准同现有的菌汤标准) 2:糊辣底料一袋,包装规格900克/袋(含配糊辣锅的辅料,如子弹头,灯笼椒,醪糟,冰糖等,搅拌均匀装袋,标准和现有的标准一样)

菌王柠檬鸳鸯锅 1:配制好的成品菌汤,包装规格900克/袋,(含香菇片,鸡油,配制标准同现有的菌汤标准) 2:柠檬底料一袋,包装规格900克/袋,(含香茅草、柠檬叶、鲜红小米辣、搅拌均匀装袋、配制标准同现有的柠檬锅底标准) 菌王酸汤鸳鸯锅 1:配制好的成品菌汤,包装规格900克/袋,(含香菇片,鸡油,配制标准同现有的菌汤标准) 2:配制成品酸汤900克(含香茅草、木姜子油、番茄片、香菜段,搅拌均匀装袋、配制标准同现有的酸汤锅底标准) 菌王鲜辣鸳鸯锅 1:配制好的成品菌汤,包装规格900克/袋,(含香菇片,鸡油,配制标准同

现有的菌汤标准) 2:鲜辣底料一袋,包装规格900克/袋(含鲜辣底料,高汤,泡小米辣,姜片,大葱,搅拌均匀装袋、标准和现有的鲜辣锅底标准一样) 菌王金汤鸳鸯锅 1:配制好的成品菌汤包装规格900克/袋,(含香菇片,鸡油,配制标准同现有的菌汤标准) 2:金汤锅底一袋,包装规格900克/袋(含,金汤底料,木瓜,枸杞,党参,当归,大枣,搅拌均匀装袋,标准和现有的金汤锅底标准一样) 菌王滋补鸳鸯锅 1:配制好的成品菌汤,包装规格900克/袋,(含香菇片,鸡油,配制标准同现有的菌汤标准) 2:配制好的成品滋补汤,包装规格900克/袋,(姜片,大枣,枸杞,鸡油,配制标准同现有的滋补锅标准一样) 打包器皿:

产品部产品上线操作流程及规范

产品部产品上线操作流程及规范 一、编写本流程和规范目的 为提升平台的整体形象以及消费者的用户体验,提升平台竞争力,便于产品部对产品上架操作的规范化、正规化,明晰与供应商的合作流程及规范,特制定此流程及规范。 二、本标准的适用范围 本流程及规范适用于产品部在主动选择或筛选供应商提供的产品是否符合平台要求,以及产品部在与意向供应商接洽时的具体操作内容方面。在产品的初选、评估到最后上线均适用与本流程及规范。 三、术语与定义(无) 四、招商工作中的内容与规定 1.招商工作流程

2.在平台上线产品必须为平台可经营的产品 平台可经营种类为:农副产品、水果、预包装食品、进口酒类、国产酒类、非酒精饮料及茶叶、电子产品、日用百货的销售、礼品鲜花、小饰物、小礼品。平台销售的产品主要为农副产品、水果、预包装食品及中高端生活类用品。尤其以绿色生态农产品及其加工制品为主要发展方向。 3.供应商资质必须符合平台的标准 主体:与四翁合作主体必须为国家法律承认的企业法人或其自然人代表。生产企业名优企业优先。 资质:与四翁合作主体需向四翁提交营业执照、税务登记证(地税、国税)、商标注册证、组织机构代码证及其它必须的相关许可。 产品:产品有较强的市场卖点及售价优势,适合于互联网销售及物流运输。并提供产品的宣传图样若干,及产品详细信息(类似于淘宝及京东商城样式)。 五、职责与权限 1.商品上线前供应商需提供的资料及其他相关事宜 1.1 供应商需提供给平台需上线的产品图片,具体要求如下:600*600Px 主图1-3张(高清无码,无不相关水印、logo),产品详情图3-6张(无不相关水印、logo,宽与高500px*1500px,像素达到72的宝贝描述详情图),必须与所销售产品实物相吻合且附带产品介绍的文字资料。所有图片必须为高清图片,创意艺术拍摄并精修,图片明亮美观,能激起顾客的购买欲望,手机拍摄像、未处理照片不予采纳。 1.2 产品详情图中需包含产品的产地、主要成分、产品规格、产品保质期、使用说明及禁忌。图片清晰美观,布局合理。 1.3 为保证平台的美观及整体档次,平台有权利对产品形象不合格的产品予以下架或不上架处理。供应商无法提供合格图片的,可委托平台协助拍摄处理产品图片,费用由供应商承担。 1.4 产品包装符合物流运输要求,安全性强,稳定性高,避免运输过程中发生损坏。 1.5 产品上架前,供货商需向平台提供不少于2个购买单位的商品体验装,以便于平台了解体验此产品。体验装必须与供货商所提供给平台销售的

形容情绪的英文词语

形容情绪的英文词语 在生活中经常有很多心情无以言说,用英文表达就更难了!别急!这里选取的例句,可都是摘自外媒新闻的原句,都是些最最常用地道的用法哦!以下是带来形容情绪的英文词语的相关内容,希望对你有帮助。 1. abandoned forsaken by owner or inhabitants 被主人或者居民抛弃; Adopted children must face issues of abandonment as they grow older. 2. aggressive characteristic of an enemy or one eager to fight 富有侵略性的人或者好斗的; But Bowser could appoint new and aggressive leaders in other city agencies, where Gray’s appointees have tended to be more cautious. —Washington Post 3. alienated

socially disoriented 分不清方向或者目标; The more vigilant Allen was, the more resentful and alienated Nicholas became, and the worse things got. —Class Matters 4. apathetic showing little or no emotion or animation 对事情缺乏兴趣,无动于衷; “And some people are able to inspire otherwise apathetic young people to vote.” —Forbes (Oct 21, 2014) 5. ashamed feeling guilt or embarrassment or remorse 感觉内疚,尴尬,惭愧; Then, ashamed and embarrassed, he disappeared under a duvet and grieved. —BBC (Nov 4, 2014) 6. astonished filled with the emotional impact of overwhelming surprise 充满巨大的惊喜; Oh my God, he sputters, clearly astonished by the claim.

灌封胶产品操作指南

灌封胶产品操作指南 一.灌封前的准备: 工具:搅拌棒(筷子),塑料杯,电子称 分别打开A,B两个容器, 1.首先,检查A胶底部有无沉淀,如有沉淀,必须先将沉淀搅拌起来,直到搅拌均匀为止。 2.同样方法,检查B胶 3.塑料杯放置于电子称上,电子称去皮清零。 4.将搅拌好了的A胶,直接倒入塑料杯中(根据用量要求取用,单次混合不低于50克) 5.根据A胶用量,取出一定比例的B胶(按照说明书中的比例),倒入塑料杯中。 6.用搅拌棒(筷子)顺着一个方向,充分搅拌塑料杯中的胶水(这一步很重要!必须充分搅拌均匀,杯壁要刮到)。如果一次混合100克以内的话,时间一般在3分钟左右,混合量大的话,时间适当延长。 7.将混合好的胶水,静置5分钟左右(目的是排泡),再灌封到产品中。 二.灌封产品 工具:混合好胶的杯子,需要灌封的产品。 操作步骤: 1.检查需要灌封的产品是否有灰尘,助焊剂,松香,油污等残留物,如发现残留物,必须用洗板水或酒精清洗干净,晾干。 2.灌封的产品,底部或者边缘不能有缝隙,否则可能发生胶液渗漏。如有缝隙,可以预先用硅橡胶填缝堵漏。 3.将装有胶水的杯子慢慢倾倒(不要一股脑倒下),顺着一个点,流满产品周围。 4.根据产品要求,选择灌封厚度。 三.固化产品 根据产品要求,可以选择常温固化或者热固化。 1.常温固化:室温干燥环境中静置即可,无需做任何处理。 2.热固化,直接将产品置于恒温箱中,加热处理。 四.注意事项: 1.环氧树脂灌封胶在固化的过程中会放热,混合量越大,放热越大,固化时间相应也会缩短。

2.加成型灌封硅胶,对于含有磷,硫,胺等化学物质的材料,接触到的地方,会产生“中毒”(不凝固)的情况,请一定要注意。 3.单组分硅胶或者缩合型硅胶都不会深层凝固,单组分硅胶,凝固深度不超过3mm,缩合型灌封硅胶,凝固深度不超过8mm。

如何面对情绪 How to Face Emotions(初中英语作文)

如何面对情绪How to Face Emotions 初中英语作文 We are not god, so we will have the emotions all the time, when we meet difficulties, we will feel distressed, when we are treated unfairly, we will be angry. We must learn to deal emotions, so that we can move on. When the emotions come, we must tell ourselves to calm down, we can get angry for a while, but not all the time, only when we calm down can we think in a clear way. We can also find a way to relieve our emotions, like going to KTV or just talking to friends. We have to face emotion problems now and then, if we do the right thing, then all is well.我们不是上帝,因此我们总是会有情绪,在我们遇到困难时,会感到沮丧,在我们得到不公平的待遇时,会生气。我们必须学会处理情绪,这样才能向前看。当情绪来临的时候,我们必须告诉自己要冷静,我们可以生一会气情绪问题,但是不能一直生气,只有当我们冷静下来,才能清楚地思考。我们也能够找到方法来处理我们的情绪,比如去唱歌,或者和朋友聊天。我们不得不时而不时地面对,如果我们的处理正确,然后一切都会好起来。 1

荣格心理学与中国文化

荣格心理学与中国文化 高岚申永荷 美国著名心理学史家布雷德和墨菲等人,都表示他们的共识:认为心理学的第一个故乡在中国。实际上,许多西方著名的心理学家,在其理论和体系形成的过程中,确实受到了中国文化的深刻影响。卡尔·荣格和其分析心理学便是一个例证。 1、维尔海姆的影响 国际心理分析协会主席托马斯·科茨(Thomas Kirsch)博士,在1994年8月访问中国的一次演讲中提出,就荣格心理学思想的形成而言,理查德·维尔海姆(Richard Wilhelm)影响,远远超过了弗洛伊德或其他人。实际上,荣格自己也承认这一点,他曾经明确表示,“维尔海姆给了我无限的启迪,我受他的影响,远远超过了其他任何人。”而维尔海姆所给予荣格的启迪,也就是中国文化对于荣格的启迪;维尔海姆对于荣格的影响,也就是中国文化对于荣格的影响。 荣格在20年代初期便结识了维尔海姆,那正是荣格自己在其心理学的研究中最为关键,同时也是最为艰难的时期。与弗洛伊德正统精神分析的分裂,使得荣格面临许多压力。他希望自己能够有一种理论的根基,来帮助他整理自己的研究,使他能够有足够的力量和勇气,来抗衡他所面临的压力。1923年,荣格曾专门邀请维尔海来到苏黎士,在其主持的“心理俱乐部”中,介绍与评论中国的《易经》,介绍与讲解中国文化。荣格与维尔海姆广泛地讨论了中国文化的意义,讨论了西方的心理学和精神分析理论的发展。使荣格感到惊讶的是,在维尔海姆看来,西方无意识研究的发现,早就存在于中国古老的文化之中了。维尔海姆认为,荣格以及弗洛伊德所致力与探求的无意识心理学,正是中国文化思想或中国文化心理学中所固有或所包含的东西。 荣格自己曾有过这样的表示:“维尔海姆一生所从事的工作,对我来说是如此的重要和具有价值,是因为他为我解释与证实了我过去一直在追求、在思考、在向往,以及在从事和研究的东西。”荣格说,“维尔海姆的工作,给我们带来了中国文化的基因,给我们带来了一种足以从根本上改变我们世界观的中国文化基因。”荣格深深敬佩于维尔海姆的“汉学”,以及他对于中国哲学,对于中国文化的深刻理解。荣格曾经说过,我甚至不能用“影响”一词,来描述中国文化和中国思想与维尔海姆的关系,因为实际上,维尔海姆完全被中国文化所征服了,被同化了。面对这样一位汉学家,面对这样一位汉学家所代表的深远的中国文化,荣格将其作为自己终生的良师益友,也作为自己心理学的深远背景。 2、荣格心理学的秘密 在我们的理解中,中国文化是一种充满了心理学意义的文化;这种心理学的意义,具体而生动,表现着一种实在的生活的价值。荣格和维尔海姆把他们合著的《金花的秘密》一书,称之为“中国生命与生活之书”,也便代表了他们对中国文化之理解的一个侧面。 而这里的“生命与生活”,实际上也就是一种“心理学”。Cary F·Baynes在《金花的秘密》一书英译本的前言中写道:“心灵必须依赖于科学,将其作为现实世界中的导向;而科学也必须转向心灵,来寻求生活的意义。这就是《金花的秘密》所展示的观点。通过维尔海姆和荣格的共同努力,我们第一次有机会来理解和欣赏,能够在许多方面满足我们的需要的东方智慧。在《金花的秘密》中,这种东方的智慧脱离了形而上学的描述,而置之于心理学的体验之中。

产品介绍和使用指南

产品介绍和使用指南 第一部分产品说明书 ?产品名称 电信运营知识服务平台(to.) ?内容概要: 《电信运营知识服务平台》是一个专业、权威、海量、时效的知识服务平台。平台以面向电信运营商的知识服务为目标,对资源进行深度整合和系统化构建,内容涵盖国内外最新行业发展、市场营销、网络建设、网络维护、网络支撑、企业管理等知识,实现海量数据的科学收录和快速检索,促进行业知识共享。 ?编委简介(专家队伍) 杨青,中国通信学会咨询部主任,MBA,高级工程师 李珊,中国信息通信研究院新技术新业务研究室副主任,高级工程师 黄秀清,北京邮电大学副教授,博士 万华平,北京联通运维部经理,高级工程师 范宇梅,《中国通信》杂志社责任编辑,高级工程师 ?核心竞争力:“唯一”“第一”“权威”“品牌” 专业、权威、全面的知识服务系统,助力电信运营商转型、创新、发展! ?应用价值: 功能价值: 一站式检索:跨库检索全面超越了以往的单一的、面向单库的检索方式,真正实现了“一站式”检索,满足文献调研与情报分析对查全、查准的要求。此外,检索结果可以进行分组筛选、排序浏览,可以快速有效获取关键文献信息。 文献知网节:帮助用户通过分析文献之间的引用、相似、相关、同类读者推荐等相互关系,建设海量文献的知识网络,实现对研究主题相关文献的全面、系统跟踪调

研。 文献可视化分析:通过图形的方式直观展示文献分组结果的趋势、分布、数量比较,比较同一研究方向内不同内容的趋势,比较不同研究方向的趋势,帮助用户更直观、清晰的获取信息。 内容价值: ● 国家战略、行业规划、行业政策的原文及解读 ● 行业关注问题、技术前沿及热点应用的揭示及评论 ● 国内外运营商的动态及分析 ● 电信资费、流量经营、渠道管理等电信市场营销方面的方法与案例 ● 战略管理的理论及案例 ● 预算管理、税务管理、核算管理、会计等财务管理方面的方法、案例 ● 招聘、培训、绩效管理、激励机制、劳动关系管理、企业文化等人力资源管理方面方法、案例 ● 企业内部控制及风险管理、项目管理、法律事务、投 资融资及商业模式等方面的观点、案例 ● 移动通信网、数据通信网、智能网、接入网、传输网、 动环系统等网络建设方面的规划方案、技术方法 ● 运维管理、网络管理、网络优化、节能减排、设备维 护、网络安全等网络维护方面的技术研究、经验方法 ● 网管系统、BOSS 系统等网络支撑系统方面的技术方 案 为制定分公司战略决策辅助企业管理创新 提高员工业务技能 ● 国内外运营商经营策略的分析 ● 流量经营、商业模式、渠道管理、客户关系管理等经 营方法及案例 ● 电信资费的调整机制及制定策略的分析 ● 用户消费行为、客户流失原因分析 为制定营销方案做参考 ● 国内外运营商动态及分析 ● 各行业信息化应用情况 ● 各行业信息化应用系统设计方案 为寻找项目方向、制定项

文化心理学的发展

文化心理学的发展 文化心理学是近年来出现的一种新的心理学思潮,其起源最早可追溯到冯特的民族心理学。早在1862年冯特在其《对感官知觉理论的贡献》一书中,就已明确提出心理学可以分为两大领域,即实验的个体心理学与文化的民族心理学。前者可以通过实验的方法加以研究,主要研究个体的低级心理现象,而高级的复杂的心理现象只能由后者通过民族文化的传统加以审视与研究。冯特分别对两类心理学花费了大量的时间和精力呕心沥血地进行研究,由于其民族心理学具有浓厚的文化色彩,以致美国心理学家罗伯特·华生认为,冯特的V olker Psychologie不应该译成F0lk Psychology即民族心理学,而应译成Culture Psychology即文化心理学。1982年卡特最先使用了现代意义上的“文化心理学”一词,他认为文化心理学就是一门研究个体与社会、文化之间的相互作用的学科。在卡特之后的几十年里,文化心理学便成为一个真正崛起的心理学研究分支,并不断发展和完善,成为弥补主流心理学缺陷的主要研究取向。 文化心理学是新近出现的一种心理学取向。由于它刚刚兴起,因此其内涵尚未十分清晰,存在一定的概念混乱,这在一定程度上影响了其发展和价值或作用的发挥。目前,人们主要从两个方面来界定文化心理学的内涵:一是从研究对象和内容上,另一是从研究方法上。纵观文化心理学的发展历史,可以发现有四种不同理论取向,其分别是符号理论取向、活动理论取向、个人主义理论取向和构建主义理论取向。文化心理学不同理论取向之间又存在着不同程度的

交叉,但是透过这种复杂关系,我们还是可以获得关于文化理学基本预设的统一信息。关于文化心理学的理论预设,可以归结为三个方面:第一,文化是多元的,具有多样性,也就是说多元文化论是文化心理学的元理论或逻辑起点。第二,文化与心理或行为存在联系。第三,特殊文化环境下的群体或文化个体心理存在差异。 在论及文化心理学诞生的现实背景时,大都涉及到两点:主流心理学发展所面临的困境为文化心理学提供了兴起与发展的空间;非主流心理学的文化研究取向对文化心理学的启示。我国心理学家曾有过这样一段表述:“在实验法无能为力的地方,幸而还有一种对心理学具有客观价值的辅助手段可资利用,这些辅助手段就是心理的集体生活的某些产物,属于这些产物的主要是语言、文化和风俗”。文化作为弥补主流心理学的研究取向在于它研究的是主流心理学无法触及或是不愿触及的领域,因为文化心理学是以文化为研究对象的,主要探讨文化背景下的心理活动,即文化对人的心理的影响以及心理在文化继承和发展中的作用。它所研究的内容是用客观方法不便研究或是不好着手的研究,只能通过对人类历史积淀下来的能够表现出人的心理和行为或制约人的心理和行为的语言、神话、风俗习惯、理论公设等。文化的研究往往是通过间接的方式,利用内隐研究方法,将文化的蕴意和人们的内隐的生活方式、习惯以及信仰等进行揭示和研究,以为心理学在这个区域的空白添砖加瓦,同时也为社会主义和谐社会建设的构建提供心理学的依据。 文化心理学兴起的时间虽只有短短的几十年,但是学术界的研究

中国文化心理学

绪论 一、改善思维 1.从举一反三 某个学生在某一门喜欢的课上学习态度非常认真,思维活跃,成绩好,但仅限于此门课程——举一反十。假如现在你们又变小了回去上小学或初中,知识也只是那种水平,你觉得会不会取得比原来更好的成绩?为什么? 从一次成功到次次成功——成功所需要的条件都是不变的,从一次成功中总结成功需要的基本条件,然后将它应用到其他方面。成功需要什么条件呢?加一条:全身心投入,即儒家的“诚”。这也是本门课程对你们的希望和要求:投入。讨论式课堂,随意发言,不必是提问,有什么想法都可以说出来,大家互相启发。最后你们的成绩也在很大程度上根据你们的投入程度来决定,最重要的是思维沉浸其中并保持活跃,领悟深入、记忆深刻,并且知行合一。 2.将智力作最大限度的运用:智慧的本质 二、传统文化 1.现代化 英格尔斯认为,个人的现代化并非现代化的副产品,而是现代化赖以进行并获得成功的先决条件之一。“一个国家可以从国外引进作为现代化标志的科学技术,移植先进国家卓有成效的工业管理方法、政府机构形式、教育制度以及全部课程内容等等,今天的发展中国家大多都是这么做的。它们本来怀着极大的希望和信心,以为把外来的先进技术播种在自己的国土上,产生的丰硕成果就足以使它跻身发达国家的行列之中。结果,它们往往收获的是失败和沮丧。原先拟想的完美蓝图不是被扭曲成奇形怪状的讽刺画,就是为本国的资源和财力掘下了坟墓。痛切的教训使一些人开始体会和领悟到,那些完善的现代制度以及伴随而来的指导大纲、管理守则,本身只是一些空的躯壳。如果一个国家的人民缺乏一种能赋予这些制度以真实生命力的现代心理基础,如果执行和运用这些现代制度的人,自身还没有从心理、思想、态度和行为方式上都经历一个向现代化的转变,失败和畸形发展的悲剧是不可避免的。再完美的现代制度和管理方式,再先进的技术工艺,也会在一群落后的人手中变成废纸一堆。……总之,那些先进的现代制度要获得成功和预期的效果,必须依赖运用它们的人的现代人格、现代品质。” 另一方面,个人现代性构成了现代化的主要目标之一。现代化追求经济发展,根本目的还是在于人的发展。现代化之所以有价值,正在于它能把个人从传统的束缚中解放出来,提高人的创造性,扩大他们社会生活的参与面,增加他们的个人价值感和尊严感,推动个性的发展与人类自由的实现。 通过跨国的、跨文化的研究概括出个人现代性的12方面特征:乐于接受新生事物;准备接受社会的改革与变化;头脑开放,尊重不同看法;注重现在与未来,守时惜时;注重效率、效能,对人的能力和社会的未来充满信心;注重计划;尊重知识,追求知识;相信理性及由理性支配下的社会;重视专门技术;敢于正视传统,不惟传统是从;相互了解、尊重与自尊;了解生产及过程。 当代中国人要想塑造具有文化根基的、完善的现代性,其合理进路是:将中国的传统人格作合理的现代延伸。传统人格既有优点,也有先天不足,关键是将这些不足作现代转换。 2.传统文化 三、本土化 本课程的重点将不是介绍各种本土化研究,也不是本土化研究方法,这些大家如果有兴趣以后可以继续学习;重点是介绍各种本土化研究取得的成果,即在中国传统文化中生长的人所形成的独特人格特点,给大家一个传统文化与跨文化比较的视角,帮助大家理解中国

荣格心理学与中国文化

荣格心理学与中国文化 荣格心理学与中国文化 转自:心理学报199804 作者:高岚申荷永华南师范大学心理系,广州,510631高岚申荷永美国著名心理学史家布雷德和墨菲等人,都曾表示过他们的一种共识:认为心理学的第一个故乡在中国。实际上,许多西方著名的心理学家,在其理论和体系形成的过程中,确实受到了中国文化的深刻影响。卡尔?荣格和其分析心理学便是一个例证。 1维尔海姆的影响 国际分析心理学会主席托马斯?科茨(ThomasKirsch)博士,在1994年8月访问中国的一次演讲中提出,就荣格心理学思想的形成而言,理查德?维尔海姆(RichardWilhelm)的影响,远远超过了弗洛伊德或其他任何人。实际上,荣格自己也承认这一点,他曾经明确的表示,“维尔海姆给了我无限的启迪,我所受他的影响,远远超过了其他任何人。”[1]而维尔海姆所给予荣格的启迪,也就

是中国文化对于荣格的启迪;维尔海姆对于荣格的影响,也就是中国文化对于荣格的影响。 荣格在20年代初期便结识了维尔海姆,那正是荣格自己在其心理学的研究中最为关键,同时也是最为艰难的时期。与弗洛伊德正统精神分析的分裂,使得荣格面临许多压力。他希望自己能够有一种理论的根基,来帮助他整理自己的研究,使他能够有足够的力量和勇气,来抗衡他所面临的压力。1923年,荣格曾专门邀请维尔海姆来到苏黎士,在其主持的“心理俱乐部”中,介绍与评论中国的《易经》,介绍与讲解中国文化。荣格与维尔海姆广泛地讨论了中国文化的意义,讨论了西方的心理学和精神分析理论的发展。使荣格感到惊讶的是,在维尔海姆看来,西方无意识研究的发现,早就存在于中国古老的文化之中了。维尔海姆认为,荣格以及弗洛伊德所致力与探求的无意识心理学,正是中国文化思想或中国文化心理学中所固有或所包含的东西。 荣格自己曾有过这样的表示:“维尔海姆一生所从事的工作,对我来说是如此的重要和具有价值,是因为他为我解释与证实了我过去一直在追求、在思考、在向往、以及在从事和研究的东西。”[2]荣格说,“维尔海姆的工作,给我们带

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